Jacques Chevallet,
Président et Directeur R&D,
Laboratoires Arkopharma
Vous avez pris la tête d’Arkopharma en 2015, en quoi cette année a-t-elle été marquante pour l’entreprise ?
Arkopharma, qui avait eu une très belle croissance, était sur un plateau de rentabilité. Il fallait transformer l’entreprise, la redynamiser, redonner du sens à sa production et aux métiers de ses 1 400 collaborateurs. Aussi, son fondateur, Max Rombi, a-t-il décidé de confier les rênes au fond d’investissement Montagu Private Equity. La présidence m’a été proposée peu de temps après. L’un des premiers changements mis en œuvre a été de redéfinir la mission de l’entreprise : faire de la médecine naturelle la médecine du futur. Nous avons imaginé des valeurs fortes, pour donner du sens au travail de nos équipes qui sont toutes très investies et très professionnelles, chevronnées et compétitives. Cela s’est concrétisé par notre charte ARCHE : Audace, Respect, Créativité, Humain, Excellence.
Pour vous cette nomination était aussi un retour aux sources ?
En effet, j’avais été Directeur du Marketing Global d’Arkopharma de 2004 à 2008. Cette connaissance de l’entreprise et un alignement parfait sur la stratégie à déployer ont permis d’être très rapide et donc efficace dans l’exécution. Mes connaissances scientifiques m’ont permis de prendre également en charge la R&D dont j’anime aujourd’hui en direct l’équipe – une équipe très performante, très investie et très compétente. Rétrospectivement, mon parcours professionnel est imprégné d’éléments similaires, puisque j’ai toujours été dans des entreprises familiales marquées par la forte personnalité de leurs fondateurs, des entreprises pionnières, produisant en France mais avec une forte dimension internationale, comme Pierre Fabre à Castres, les Laboratoires Servier à Orléans et Arkopharma à Carros. J’ai couvert tous les domaines de la santé et j’ai une vision globale du secteur. Prendre la présidence d’Arkopharma en 2015 a été pour moi une évidence et un beau challenge, relancer une entreprise industrielle est très motivant. Et puis, en tant que pharmacien je tiens beaucoup au fait que nos produits aient du sens et à notre crédo : une médecine raisonnée et progressive.
Vous avez également une dimension internationale ?
J’ai passé deux ans aux Etats-Unis au début de ma vie professionnelle puis deux ans en Finlande de 2002 à 2004. Outre ces deux périodes, j’ai travaillé avec l’Asie, le Pacifique et le continent Américain. Et comme il est primordial d’être sur le terrain, je voyageais environ 10 jours par mois, cela m’a permis d’avoir une bonne vision du monde et du business international. Or, aujourd’hui, une croissance ne peut s’envisager autrement qu’avec une dimension mondiale.
C’est aujourd’hui un atout précieux ?
Oui car 44 % de notre chiffre d’affaires (205 millions d’euros) sont réalisés à l’étranger. Notre objectif est de renforcer notre marché européen et d’en conquérir d’autres pour atteindre un leadership mondial. 46 % de notre production fabriquée en France sont déjà exportés dans le monde.
Pour en arriver là, il a donc fallu de nombreux bouleversements ?
Fin 2017, nous avions investi 25.5 millions d’euros sur le site industriel pour améliorer la qualité des bâtiments et des équipements. C’est indispensable quand on travaille dans le cadre des plus hauts référentiels de notre domaine : pharmaceutique, alimentaire (Iso 22000) et dispositifs médicaux (Iso13485). Par ailleurs, nous maîtrisons la totalité de notre process, de notre sourcing (plantes et actifs), leur transformation et l’élaboration de nos produits par les techniques les plus innovantes. Nous avons également simultanément réduit la pénibilité du travail de nos collaborateurs et amélioré la productivité. Par exemple, nous avons remplacé un mélangeur de poudre à vis par un mélangeur à pulsations d’air comprimé qui améliore la qualité du mélange, et auto-nettoyant, pour réduire la pénibilité de ce process. Nous avons travaillé avec un ergonome sur la chaine de picking de notre centre de distribution (700 000 colis par an) et rendu la tâche moins difficile et plus performante. Nous avons aussi investi dans l’extraction par ultra-sons pour obtenir des produits extrêmement concentrés. Tout cela est très valorisant, pour tout le monde.
Deux ans et demi plus tard, quelle est votre plus belle réussite ?
C’est le résultat de l’étude de l’Institut Statista parue dans le magazine Capital en février dernier, dans laquelle Arkopharma est classée parmi les 500 meilleurs employeurs de France et plus précisément à la 9e place du classement des entreprises pharmaceutiques. Obtenir ce résultat tout en rétablissant la rentabilité et la productivité de notre site est ma plus grande fierté.
Arkopharma en bref